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Le home studio - première partie

Dernière mise à jour : 23 août 2020



Que vous soyez musicien amateur ou professionnel, si vous souhaitez donner davantage corps à vos créations, en effectuant par exemple des prises de son et en organisant votre travail au sein d'un logiciel dédié, il vous faudra monter un home studio. Mais au fait, c'est quoi un home studio ?


Voici la définition du Larousse : "Petit studio d'enregistrement et de mixage, généralement associé à un ordinateur, utilisé par les musiciens, professionnels ou amateurs, pour réaliser des maquettes de disques. (On parle aussi de station audionumérique.)"


Cette définition à l'avantage de ces inconvénients. Elle est claire et concise. Mais au final, elle ne dit rien sur ce que contiennent les notions d'enregistrement et de mixage. Sans parler du fait qu'elle cantonne l'usage d'un home studio à la réalisation de maquettes. Or, de nombreux musiciens issus de la scène électronique utilisent leur home studio pour réaliser des versions définitives de leurs productions, mixage inclus.


Essayons de développer quelques uns de ses aspects. Pour cela, dans cette première partie, nous survolerons très rapidement les principales étapes de la production musicale avant de les développer davantage dans une seconde partie, dans laquelle nous nous intéresserons également aux prérequis pour la création d'un home studio ainsi qu'aux différentes configurations possibles.


Ainsi, les principales grandes étapes de la production d'une musique sont l'enregistrement (a), l'édition (b) et le mixage (c) . La quatrième grande étape correspond au pré mastering (et non au mastering qui est un abus de langage). Toutefois, nous ne l'aborderons pas dans cet article car il s'agit d'un processus complexe pour lequel le home studio n'est pas adapté.


a - l'enregistrement



Traditionnellement, le processus d'enregistrement consiste à réaliser la captation d'une source sonore afin de la fixer définitivement et en l'état sur un support de stockage. Oui. Mais pas seulement.


De nos jours, avec la forte présence de l'informatique dans l'espace de la création musicale, réaliser un enregistrement ne consiste plus uniquement en cela. En effet, si vous souhaitez ajouter des arrangements de cordes à votre compo piano/voix et que vous n'avez pas les moyens de vous offrir un quatuor de cordes avec le coût de location d'un studio d'enregistrement en sus, il vous faudra alors vous tourner vers des samples ou des instruments virtuels (nous y reviendront). Auquel cas, l'utilisation d'un logiciel appartenant à la catégorie des STAN (pour Station de Travail Audio Numérique aussi appelé séquenceur ou encore DAW en anglais pour Digital Audio Workstation) vous sera indispensable.


Ainsi, au sein d'un home studio, il existe a minima trois façons d'enregistrer un instrument, selon qu'il soit réel ou virtuel. La captation, bien sûr. L'exécution d'une partition sur un clavier maître ou clavier MIDI (pour Musical Interface for Digital Instrument) ou tout autre dispositif équivalent. Et la programmation de séquences.




Dans le premier cas, il s'agit d'utiliser un ou plusieurs microphones afin de capter le ou les instruments joués, le tout dans un local adapté (nous y viendrons dans la seconde partie). Le micro ou les micros pourront être, soit connecté(s) à un ou des préamplis externes, soit directement connecté(s) à une interface audionumérique qui sera elle-même reconnue dans votre STAN, qui fera alors office de magnétophone multipistes. De nos jours, il existe de nombreuses configurations possibles et accessibles à toutes les bourses, tant pour les micros, que pour les préamplis ou les interfaces audionumériques. Nous pourrions en dire beaucoup plus sur les méthodes de captation des sources sonores mais ce seul article n'y suffirait pas et, de toute façon, des gens bien plus talentueux que je ne le suis ont écrit d'excellents ouvrages sur le sujet. Je vous invite notamment à lire "Techniques de prise de son" de Robert Caplain, paru aux éditions Dunod.




Dans le second cas il s'agit de relier un clavier maître, également appelé clavier MIDI (une sorte de piano électronique) ou tout autre dispositif (comme les launch pads, la tablette tactile, etc.), à votre ordinateur, en général via une interface USB, afin de "jouer" les sons d'un instrument virtuel (piano, cordes, synthés, guitare, etc.) et d'en effectuer l'enregistrement en temps réel. Cette méthode est monnaie courante dans les productions actuelles car elle a l'avantage de permettre de réduire considérablement les coûts de production d'un album et le résultat final est tout à fait honorable, et ce grâce aux progrès constants des éditeurs d'instruments virtuels qui apportent à leur logiciel un plus grand réalisme et une souplesse d'édition.




Le troisième cas, la programmation, intervient généralement après l'exécution d'une partition sur un clavier MIDI ou l'écriture d'une partition dans un logiciel dédié (appelé éditeur de partitions). Il s'agit alors davantage d'édition que d'enregistrement à proprement parler. Toutefois, rien n'empêche de privilégier cette méthode pour écrire une mélodie ou un arrangement pour ensuite humaniser la séquence ainsi écrite via des outils dédiés. On appelle cette méthode de saisie de notes le pas à pas.


Au final, quelque soit la méthode utilisée, il s'agit bien de conserver (aussi bien sur bandes magnétiques que disque dur) une performance artistique afin de la rejouer ultérieurement ou de l'inclure dans une session multipistes.


b - l'édition



Tout comme pour l'enregistrement, il existe plusieurs notions d'édition. Nous distinguerons l'édition audio de l'édition MIDI.


L'édition audio regroupe plusieurs types de traitements ou de manipulations d'un objet audio. Par exemple, il y a quelques années de cela, j'ai réalisé le mixage d'un album pour lequel j'ai dû effectuer d'importantes modifications sur les pistes voix. Ces modifications ont consisté à "gommer" les différents bruits parasites tels que les respirations trop présentes et les bruits de bouche disgracieux. Dans certains cas, lorsque la prise a été effectuée dans des conditions moins qu'idéales et qu'il n'est pas possible d'effectuer de nouvelles prises, il peut également être nécessaire d'effectuer des traitements en rapport avec la réduction de bruits parasites, tels que buzz, hum, etc. Il existe pour cela pléthore de logiciels (appelés plug-in) qui permettent d'effectuer ces traitements de façon tout à fait satisfaisante.


L'édition MIDI quant à elle consiste à corriger une partition écrite ou jouée via un instrument virtuel. Ces opérations peuvent concerner la longueur des notes jouées ou saisies (en pas à pas), leur hauteur bien entendu, mais également d'autres paramètres propres à la norme MIDI, tels que la vélocité (c'est-à-dire la force avec laquelle une note est jouée, donc son intensité), le pitch bend (modification de la hauteur en continu), etc.


c- le mixage



La définition de l'article Wikipédia est la suivante :


"Le mixage audio est l’opération technique et artistique par laquelle, dans le domaine de la musique, du film, de la télévision et de la radio, un certain nombre de sources sonores sont mélangées afin de parvenir à un équilibre cohérent, [...]"


Cette définition est complète dans la mesure où elle reprend 2 points cruciaux. Le premier concerne le fait que le mixage est une opération autant technique qu'artistique. Le second rappelle le fait qu'il s'agit d'atteindre un équilibre cohérent. En effet, il serait faux de penser qu'un mixage consiste à faire de sorte que l'ensemble des sources sonores concernées puissent être perçues avec la même force et définition les unes par rapport aux autres car de toute façon cela est impossible et, quoi qu'il en soit, incohérent.


D'un point de vue technique, le mixage est dit tridimentionnel. Mais avant de nous intéresser au processus de mixage à proprement parler, arrêtons-nous un court instant sur le travail de préparation devant toujours être mené en amont.


Lorsqu'un ingénieur du son (peut-être vous demain) reçoit un projet pour lequel il doit intervenir sur le mixage, il doit se livrer à un premier travail préparatoire absolument indispensable afin d'organiser sa session au mieux. Ce travail se décline en plusieurs étapes très simples et qui font avant tout appel au bon sens.


La première étape consiste à renommer les pistes incluses dans le projet. En effet, si le terme SN_TP_01_08 est tout à fait parlant pour l'ingénieur qui a réalisé l'enregistrement, ce ne sera pas nécessairement votre cas lorsque vous recevrez le projet. Il s'agit donc de renommer chaque piste afin que vous vous y retrouviez au mieux. Pour cela, vous devrez écouter un extrait de chacune d'elle afin de savoir ce qu'elle contient et lui attribuer un titre intelligible pour vous. Par exemple, remplacer SN_TP_01_08 par SNARE_TOP.


La seconde étape consiste à attribuer un code couleur aux instruments ou groupe d'instruments afin que vous puissiez vous localiser dans votre session d'un seul coup d'œil. Par exemple, la batterie comportant de nombreuses pistes, il peut être judicieux de donner une même couleur à chacune des pistes de cet instrument. Et ainsi de suite pour les autres familles d'instruments : piano/clavier/synthés/orgues, guitare acoustique/guitare électrique/guitare basse, violons/violoncelles/contrebasses, trombones/trompettes/cors, etc.


La troisième et dernière étape consiste à nettoyer les pistes. C'est un sujet que nous avons en partie abordé précédemment pour ce qui concerne le nettoyage audio. Toutefois au-delà de cette étape (tout à fait cruciale), il s'agit également de procéder à la suppression des blancs sur certaines pistes. Prenons l'exemple d'une piste de guitare acoustique qui n'intervient que pendant les couplets. Si sur cette piste vous n'avez qu'un seul objet audio pour l'intégralité du titre, vous remarquerez alors qu'il y a des zones de blancs (absence de formes d'ondes) en-dehors des couplets. Ce sont ces blancs que vous devrez éliminer en utilisant les outils d'édition audio de votre STAN. Pourquoi ? Simplement parce qu'en audio et en informatique, le silence et l'absence d'informations sont deux choses différentes. En effet, votre STAN continuera d'effectuer des calculs en temps réels et donc monopoliser des ressources CPU/RAM/DD même lorsque l'objet audio est vide. Alors qu'en l'absence d'objet audio, bien évidemment, aucune ressource ne sera monopolisée.


Dernier point avant d'aborder les 3 dimensions du mixage. Remémorons-nous un extrait de la définition proposée par Wikipédia : "Le mixage audio est l’opération technique et artistique [...]". Notez bien ce dernier terme : artistique. Ceci implique qu'avant même de débuter votre session, vous devrez déjà avoir une vision claire et précise du résultat final de votre session. Une vision artistique en somme. Si tel n'est pas le cas, ne débutez surtout pas votre session. Avant tout posez-vous les bonnes questions et posez-vous tout court. Discuter avec les membres du groupe, ou l'artiste ou le directeur artistique si il y en a un. Si vous débutez un travail de mixage sans savoir précisément quel objectif vous souhaitez ou devez atteindre, vous pouvez être certain de courir droit à l'échec.


Première dimension du mixage : le fréquentiel, la dynamique, le niveau



Cette première étape est très importante, c'est peut-être même la plus importante car c'est à ce moment précis que vous déterminerez pour une grande part la couleur de votre mixage et vous rapprocherez donc de l'objectif que vous vous êtes fixé ou qui vous a été fixé. De quoi s'agit-il ? Cette étape consiste à travailler, pour chaque piste, puis pour chaque groupe de pistes, l'égalisation, la dynamique et le niveau.


Concrètement, les outils utilisés sont l'égaliseur, le compresseur et l'atténuateur de la console de mixage de votre STAN ou de votre surface de contrôle, également appelé fader (en anglais).


Dans cette première étape, l'égaliseur servira, dan un premier temps, à nettoyer chaque piste, c'est à dire à atténuer les plages de fréquences indésirables ou celles qui vous considérez inutiles pour votre session de mixage. Par exemple, réduire l'agressivité d'un piano, travailler le timbre disgracieux d'une caisse claire ou la rondeur d'une guitare basse.


Dit comme ça, cela semble simple. Mais attention, ne vous y tromper pas. Utiliser un égaliseur reste un exercice délicat et si vous ne maîtrisez par correctement tant la théorie que la pratique, le résultat final peut s'avérer tout à fait désastreux... Je vous invite donc à vous procurer des ouvrages de références, aussi bien sur l'égalisation que sur les autres étapes du mixage, ou de suivre des formations, telle que celle proposée par Elephorm (les références sont à la fin de cet article).


Le compresseur quant à lui servira à travailler la dynamique de chaque piste. Qu'est-ce que la dynamique ? La dynamique est la différence ou l'écart (exprimé en Db) entre la transitoire la plus forte et la transitoire la plus faible d'un signal ou d'un instrument.

L'image ci-dessus illustre parfaitement la différence de niveau (de volume sonore si vous préférez) entre les transitoires. Un compresseur agira principalement sur les crêtes les plus élevées afin d'en diminuer le niveau. La finalité du travail de la dynamique consiste à niveler le volume sonore d'une piste. Attention toutefois, il ne s'agit bien évidemment pas de supprimer toute la dynamique, mais de travailler celle-ci afin de la rendre musicale et faire en sorte qu'elle corresponde aux intentions artistiques définies avant la session de mixage. Car vous l'aurez compris, même si cet outils est présent dans tous les types de production, son utilisation diffère pour beaucoup suivant qu'il s'agisse de variété, de rock, de rn'b ou de dubstep !


Comme pour l'égaliseur, le compresseur est à manier avec prudence. Bien utilisé, il peut sublimer une prise. Mal utilisé, il peut détruire toute la dynamique d'une piste. Une fois encore, je vous conseille d'apprendre à utiliser cet outil (en expérimentant en parallèle bien entendu) au travers d'ouvrages, de tutoriels ou de formations.


Le travail sur les niveaux des pistes va consister à déterminer quel partie(s) doit (ou doivent) être davantage audible(s) par rapport au(x) autre(s). En effet, comme nous l'avons mentionné au tout début, réaliser un mixage consiste à effectuer des choix et, de ce fait, il est impossible que tous les instruments puissent être perçus avec la même intensité sonore.


Ici, peu de risque de commettre des impairs en manipulant les faders (réels ou virtuels). Toutefois, il est important d'effectuer cette étape après le travail sur le fréquentiel et la dynamique. En effet, cela n'aurait pas beaucoup de sens de travailler le niveau d'une piste avant de travailler sa dynamique ...


Seconde dimension du mixage : le panoramique




Le travail sur le panoramique consiste dans le placement des instruments dans le champ stéréo qui est, pour ce qui concerne la chanson, de 180°.


Ce travail est très important tant d'un point de vue esthétique que technique. Si cette première raison n'a nul besoin d'être explicitée, la seconde mérite par contre quelques précisions. Le fait de placer certaines pistes à droite ou à gauche du centre de l'écoute permet d'éviter, pour partie du moins, l'effet dit de masquage qui se produit lorsque deux pistes, dont le fréquentiel est proche, se chevauche. Ainsi, si dans votre projet de mixage vous avez deux pistes de guitares électriques, plutôt que de les laisser au centre du mix, il peut être intéressant de les placer toutes deux à droite et à gauche du mix. Où précisément ? Ce sera à vous de juger et c'est là que l'artistique prend le pas sur le technique.


Attention toutefois car il vous faudra respecter certaines conventions pour ce qui concerne la batterie, la guitare basse et la voix entre autres éléments. En effet, par convention donc, ces éléments sont placés au centre du mix (pour ce qui concerne la batterie, il s'agit du pied de grosse caisse, le reste des éléments pouvant être très légèrement panés).


Troisième dimension du mixage : la profondeur


C'est peut-être l'une des étapes les plus délicates mais tout à fait essentielle. Il s'agit ici de créer des plans sonores, c'est-à-dire de choisir quel instrument ou quel groupe d'instrument devra se trouver au premier plan de l'écoute, quel autre devra se trouver davantage en arrière, ainsi de suite. Pour créer ces espaces, les outils sont la réverbération et le delay.


De façon très schématique, nous pourrions dire que plus il y a de réverbération sur une piste, plus elle se situera en arrière par rapport aux autres pistes bénéficiant de moins de réverbération.


Il existe de très nombreux modèles de réverbérations sur le marché des plug-ins (simulation de réverb à ressort, réverb à convolution, sans même parler que la plupart des banques d'instruments intègrent leur propres réverbs...).


Là aussi, il s'agira de bien maîtriser cet outil avant de vous lancer dans son utilisation.

 

Nous avons maintenant terminé notre rapide tour d'horizon des processus de production musicale. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur ce qu'est le mixage (et toute sa complexité), je vous invite à consulter l'excellente suite d'articles publiés par Audiofanzine à cette adresse : http://fr.audiofanzine.com/apprendre/dossiers/ et surtout de vous procurer la vidéo de formation "Apprendre le mixage audio", proposée par Elephorm





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